L'état français décide de mettre en place un site de signalement de faits délictueux sur Internet.
Je n'ai rien contre un assainissement global du Web surtout en ce qui concerne la pédophilie. Mais l'élèvation de l'internaute au rang de délateur me soulève un peu l'estomac. Il n'y a qu'à se retourner vers le passé pour voir que les services rendus par ces méthodes font en définitive reculer la société, plutôt qu'améliorer la situation.
Et puis quoi ? n'y a-t'il pas suffisamment d'enquêteurs et de programmes de recherches pour que l'Etat sollicite le public comme auxiliaire ?
Internet-signalement déclare que son premier ennemi est le pédophile. Mais les pires de ceux-là sont dans le web invisible et seuls les intéressés et les enquêteurs outillés y auront accès facilement. D'autre part il y a fort à parier que le site sera encombré de plaintes contre un concurrent qui ne s'est pas déclaré à la Cnil, ou pour violation du copyright. D'autant plus que le délateur a la possibilité de rester anonyme.
Ce dernier détail, me conduit d'ailleurs à penser que les concepteurs du site ne jouent pas franc-jeu avec les visiteurs. Et personnellement je déteste qu'on me prenne pour une pomme. En effet l'anonymat, le vrai, demande une certaine organisation. Et si j'étais flic moi-même je m'intéresserais autant au délateur anonyme qu'à l'objet dénoncé.
Il faut ensuite relier cette nouveauté à la récente décision de Nicolas Sarkozy d'affaiblir le rôle du juge d'instruction au cours d'une enquête de police. Maintenant la route est parfaitement libre pour que qu'un policier, aussi bien intentionné soit-il, invente de toute pièce une dénonciation anonyme de tel ou tel fait soi-disant délictueux sur internet conduisant les enquêteurs à découvrir comme par hasard d'autres faits délictueux sans rapport avec le premier.
Et au milieu de cette botte de foin à venir, comment ferez-vous messieurs pour trouver l'aiguille qui vous mènera au délit ? L'intonation de la voix ? La petite goutte de sueur sur le front du témoin ? Ce ne sera pas l'orthographe car je découvre personnellement que moult professionnels ou éminents Internautes écrivent le français comme moi l'espagnol.
Quant aux sites dénoncés hébergés à l'extérieur de l'hexagone, inutile d'en parler, toute infraction sera transmise 'vers les autorités judiciaires du pays concerné'. Comprenez : fin de non-recevoir.
Pour des voyous spécialisés, il faut des enquêteurs spécialisés et par-dessus tout une police internationale qui a les mêmes frontières que les gens qu'elle traque, c'est-à-dire aucune.
Avons-nous réglé le problème des pavillons de complaisance ?
Avons-nous réglé le problème des paradis fiscaux ?
Pourquoi ? Tout simplement parce qu'il n'y a pas de réelle volonté (internationale) de les résoudre, gageons pour ce qui nous occupe aujourd'hui, qu'il ne restera, à terme, qu'une seule solution aux pouvoirs publics pour s'assurer des bonnes moeurs d'internet : le vrai contrôle des flux, à la chinoise. La bande patronymique, le couvre-feu, e tutti quanti, Big Little Brother.
Finalement, je suis content qu'il n'y ait pas de réelle volonté de solutionner les problèmes, brrrr.